
22
Mar 2018Réserve civique : un dispositif souple pour l’engagement citoyen
Contact : Olivier BENELLE – 02 54 48 08 82 – benelle.adar.bs@orange.fr
Contact : Olivier BENELLE – 02 54 48 08 82 – benelle.adar.bs@orange.fr
Après 10.000 ans de sélection, d’adaptation et d’échange des graines servant à produire notre alimentation, depuis un demi siècle, le commerce des semences par l’agro industrie et leur brevetage précipitent la disparition de la biodiversité domestique et organisent la privatisation d’un bien commun.
C’est pour prendre la mesure de ce constat, inviter à réfléchir, échanger et inciter à agir qu’une projection-débat a été organisée jeudi 9 novembre par un collectif d’associations (Échanges et Amitié-tous citoyens du monde, Re Source, ADEARI, Artisans du Monde 36, Les cigales et les fourmis organisent avec l’appui de l’ADAR-Civam) dans le cadre du festival AlimenTERRE autour du film « La guerre des graines ».
Les intervenants présents ont apporté des éclairages variés à travers leurs expériences et leurs pratiques et alimenté les échanges avec la centaines de personnes présentes.
Daniel Jarreau a d’abord exposé les méthodes pour récupérer et conserver ses semences potagères.
Anne Dorge, récemment nominée pour le Prix Marjolaine, a présenté les actions qu’elle mène avec l’association « Les cigales et les fourmis » et en particulier l’animation de grainothèques ou encore d’ateliers jardins ou s’échangent semences et savoirs faire.
Philippe Auvillain, polyculture éleveur installé près d’Aigurande, a quant à lui expliqué comment, dans un esprit de recherche d’autonomie, il participe avec un groupe d’autres paysans à la production de semences de maïs population.
A la lumière de ces expériences, les échanges avec la salle ont abordé différentes questions et notamment :
Pourquoi et comment produire ses propres semences quand on est jardinier ou paysan?
Quel est l’évolution et le sens de la réglementation sur la production semencière? Par qui et comment ces lois sont-elles majoritairement influencées tant au niveau national qu’européen?
Quel lien entre l’uniformisation de la production de semences et la diversité et la qualité de notre alimentation?
Dans un contexte de domination du marché des semences par quelques groupes internationaux, quelle est aujourd’hui la marge de manœuvre décisionnelle des agriculteurs sur l’orientation de leurs systèmes de production? Quels est le pouvoir du consommateur dans ses actes d’achats alimentaires?
Environ 70 personnes ont participé à la projection – débat organisée le jeudi 19 novembre au cinéma de La Châtre par le collectif d’associations en Boischaut Sud* dans le cadre du festival AlimenTERRE.
La projection du film-documentaire « Ceux qui sèment » (Pierre Fromentin / Agro & Sac à dos/2014/52’) a servi à alimenter les échanges sur les enjeux liés à l’agriculture et à l’alimentation au niveau mondial : Quelle l’agriculture et quelle alimentation pour une population mondiale grandissante ? …mais également au niveau local en Boischaut Sud : Comment relocaliser la production et la consommation alimentaires?
Deux producteurs (Eric Robin Lamotte, producteur/transformateur laitier installé à Nouzerines et Jean Philippe Magne, producteur/transformateur de petits fruits installé à Ardentes) ont apportés des points de vue sur ces questions à travers leurs visions respectives de leur métier, de leurs choix stratégiques en matière de production et de commercialisation, sur les partenariats qu’ils ont su tisser avec les acteurs de leur territoire (consommateurs individuels, restaurateurs, gestionnaires de cantines…)
Il a donc été question du développement des circuits de proximité alimentaires :
– Comment renforcer l’interconnaissance des acteurs et la prise en compte progressive des besoins et des contraintes respectives ? (part de l’adaptabilité individuelle, part de volonté politique, importance d’organiser la concertation…)
– Quelles formes d’engagement de la part des consommateurs individuels? Quelles formes collectives ? (AMAP, groupements d’achats…) , leurs avantages, leurs contraintes.
La problématique « Agriculture et mondialisation » a été éclairée par les portraits présentés dans le documentaire (en Inde, en France -Bretagne-, au Cameroun, en Equateur, au Québec…) et a permis d’aborder :
– L’équilibre entre culture vivrières et cultures de rentes,
– Les incohérences et inégalités que crée la mise en concurrence « des agricultures » sur des marchés mondiaux non régulés,
La tentative de mieux cerner l‘agriculture familiale a aussi suscité des questionnements : dans quelles conditions peut-elle être pourvoyeuse d’emplois pour couvrir les besoins (réels ou superflus) de nos sociétés actuelles?
Il a enfin été question de la « soutenabilité » des agricultures et des perspectives du métier d’agriculteur :
– Les installations hors cadre familial (dans le contexte français) comme levier pour assurer la pérennité de la profession;
– Lier la rémunération des producteurs au coût réel de revient des produits : un moyen d’assurer une juste rémunération et de générer des emplois;
– Des stratégies pour assurer un prix de vente rémunérateur et sécuriser les revenus : création de valeur ajoutée, diversification des productions…
Les échanges se sont poursuivis autour d’un pot de l’amitié.
A noter que le documentaire « Ceux qui sèment » sera projeté pour une classe de seconde au lycée de La Châtre le jeudi 26 novembre pour illustrer le chapitre « Nourrir les hommes »de leur programme d’histoire-géographie .
* collectif d’associations : ADAR-Civam, Artisans du monde, échanges et amitiés tous citoyens du monde, Résidence Pasteur foyer des jeunes travailleurs, Re-source, ADEARI